Pour nous amener le plus loin possible, nous prenons donc un bus soit à environ 150 kms de l’entrée du parc. Nous sommes accueillis par une chauffeuse haute en couleurs, la cinquantaine et le quintal bien sonnés, (« Hello, my name is Sheryl ! » et tout le bus en chœur : « Hi Sheryl ! »…regard inquiet d’Olivier…), et qui prend son travail très au sérieux : elle a d’emblée dans le collimateur cette famille de Frenchies avec des mômes et un type qui se lève sans arrêt de son siège pour prendre des photos (elle ne se gênera pas pour le lui dire d’ailleurs !)…Elle débite un flot de paroles ininterrompu et assommant, l’ironie étant qu’elle nous demande de profiter du silence du « wild » (regard exaspéré du Frenchie photographe)…
Un détail qui a son importance, il pleut, il y a du brouillard, aucun animal en vue les deux premières heures…La journée semble tourner au cauchemar quand le bus se retrouve bloqué sur un parking boueux, en attendant que la voie soit dégagée après un accident…Deux heures d’attente !!!! On frôle le désespoir et on est prêts à redescendre par le premier bus (comme une bonne moitié des occupants de notre bus), quand la route se dégage en même temps que le ciel, et ô miracle, la journée peut enfin commencer, même si l’on n’est plus que 13 ! Il est 14 heures 30, nous sommes montés dans le bus à 9h30. Les enfants sont d’un calme olympien, toujours dans l’espoir de voir des animaux.
Ouf ! Ils sont enfin récompensés : deux caribous viennent brouter près de la rivière, puis le bus reprend sa route, le soleil et les sommets enneigés apparaissent enfin. Voilà une maman grizzly et ses deux petits ! Puis un troupeau entier de caribous, des élans, de nouveau un grizzly allongé pour la sieste, puis un autre mangeant des baies, encore un autre au bord de la route, nous sommes ravis !! Le mont Denali, lui, restera dans les nuages et nous ne ferons pas partie des 30% de chanceux qui l’aperçoivent lors de leur passage ici.
Le chemin aller se termine sur un lac de glacier magnifique, Wonder Lake, et nous faisons quelques pas dans la mousse spongieuse de la toundra, une sensation unique, celle de s’enfoncer comme dans ce sol vierge et presque unique au monde.
Le bus reprend sa route sinueuse et escarpée en sens inverse, les précipices sont impressionnants, les bus se croisent fréquemment sur cette route étroite et ravinée et on comprend qu’elle soit interdite aux voitures ! Mais notre chauffeuse ne semble pas perturbée le moins du monde, elle fatigue un peu quand même et son débit se ralentit enfin, elle finira même par se radoucir et faire quelques arrêts photo « just for you » destinés à Olivier, et félicitera au micro les enfants pour leur patience et leur sagesse pour les treize heures qu’auront finalement duré le voyage ! Grâce au soleil de minuit, on profitera jusqu’au bout de cette journée, inoubliable du début à la fin !